Avec une fréquentation équivalente à celle de 2018, soit 265 000 professionnels dont 85% internationaux, le SIAL 2022* a été un succès et réaffirme sa place de rendez-vous mondial de l’alimentation. Nous tenions à saluer les entreprises françaises des viandes présentes, pour la qualité de leurs stands, leur accueil et la mise en avant de l’excellence de nos viandes, produits élaborés et charcuteries. Nos Interprofessions ont aussi représenté nos filière et accueilli de nombreux visiteurs. Seule fausse note, la présence des aliments composés à base de végétaux, qui copient nos produits, sous le même pavillon que celui des viandes. Ce n’est pas acceptable, et nous l’exprimerons avec force auprès des organisateurs.

Le SIAL est l’occasion de faire le point sur les stratégies et les éléments de langage utilisés par les filières bovines étrangères ; elles choisissent de promouvoir les atouts de leurs filières : – les pays à grandes surfaces herbagères vantent les mérites du « grass fed » ; – la filière japonaise protège une production traditionnelle ; –  la filière espagnole, qui dispose à l’origine de moins d’atouts, s’adapte et utilise les atouts des autres pays et de l’Europe (réglementation, environnement, races).

Cette valorisation passe par la création de normes : Grass Fed Beef en Irlande, Beef Japan au Japon ou encore la valorisation des financements et standards européens avec la campagne « Proud of European Beef » en Espagne. Cependant, la filière espagnole, après avoir fait l’éloge de la ruralité dans sa campagne européenne, n’hésite pas à mettre en avant le  » Wagyu espagnol  » sur son stand national.

Si chaque filière nationale a sa propre ligne de défense, tous les pays vantent les caractéristiques gustatives de leur production : -la filière irlandaise met en avant le goût de la viande nourrie à l’herbe considérée comme  » naturelle « ,  » saine  » et  » premium  » ; – le secteur japonais met en avant la race Wagyu et la complexité de sa composition ; – le secteur wallon utilise les termes « savoureux et persillé ». Ainsi, « persillé » devient un verbatim partagé par tous les secteurs étrangers, même pour la filière wallonne et la prévalence de la race Blanc Bleu Belge. Les pays orientés vers la production de viandes persillées et disposant de systèmes d’évaluation de la qualité organoleptique (USA, Japon, Australie) bénéficient d’une forte reconnaissance pour leurs exportations.

Face aux viandes étrangères, la filière française dispose d’atouts forts : prairies, diversité des races, persillé, savoir-faire des entreprises (dont la découpe à la française), patrimoine culinaire, marque ombrelle « Taste France », etc… dans un contexte devant extrêmement concurrentiel, la garantie de nos différences est-elle suffisamment lisible ? (*) Cf article dans notre Lettre n°38 : ici.