« La viande, il faut y croire ! » (Jean-Paul Bigard) – Congrès de Culture Viande, 21 sept. 2022

« En novembre 2020, le communiqué de Culture Viande Filière porcine : à fond, droit dans le mur avait soulevé nombre de réactions. A l’époque, il s’agissait d’éviter que le porc descende en dessous de 1€. En quelques mois, renversement total de tendance avec l’ouverture du marché chinois. Deux ans plus tard, le porc connaît un record historique à 2€ et malgré cela, on assiste à un retrait de la production et une baisse de la consommation. La notion de filière reste encore à construire autour du produit viande de porc en France. Au rang des champions de l’export et du prix bas, l’Espagne a supplanté le Danemark, alors qu’elle ne dispose pas de toutes les bonnes conditions de production, céréales ou hydriques. Il est encore temps de réagir.

En mars 2020, notre communiqué Filière bovine : le chaos, et après ?, alertait sur l’accélération de la décapitalisation : nous faisions état d’une décroissance du cheptel de 650 000 femelles sur 5 ans ; ce chiffre est aujourd’hui à 720 000. La réflexion et les Assises engagées pour trouver des solutions se heurtent à la complexité du problème, au premier rang duquel le manque de rémunération des éleveurs.

Pour retrouver une souveraineté alimentaire, il va falloir se battre ensemble. C’est ce que font les acteurs du cœur de filière présents en nombre à ce congrès : ils se battent tous les jours pour transformer les animaux en viande, malgré la multiplication des règles qui encadre nos métiers, malgré les crises Covid et la guerre en Ukraine, malgré les velléités véganes. Nos problèmes sont importants et vont en croissant. Les obstacles se multiplient. Il va bien falloir trouver des solutions et faire en sorte que soient évités des errements, comme sur l’énergie et le nucléaire : attention à ne pas nous engager sur de fausses pistes… nous sommes en schéma de décapitalisation ; or, 6 mois après avoir lancé le cri d’alarme sur la filière bovine, on ne voit pas les premiers signes d’amélioration. Les pays concurrents s’emparent de nos matières premières, les animaux nous échappent pour être expédiés vers l’Italie et l’Espagne notamment.

Pour essayer d’endiguer la décapitalisation, il nous faut sécuriser la disponibilité d’animaux qui vont manquer en 2023, sans pour autant que cela joue sur les prix à la hausse : « le « trop de viande » en Amérique du Sud risque d’exacerber la compétition mondiale et d’entraîner les prix à la baisse ».

En conclusion M. Bigard a encouragé les entreprises, quelle que soit leur taille et leur localisation, à se battre et croire en leur avenir. Pour sa part, il a réaffirmé toute sa détermination pour continuer à travailler pour le devenir des filières Élevage & Viande.