Les Français, ces flexitariens qui s’ignorent

Julia Burtin, Strategic Insight Manager chez KantarWorldPanel, présentait ce 28 novembre un état des lieux sur les modes de consommation des Français (*).

Les produits d’origine animale (produits carnés + produits laitiers + produits de la mer et oeufs) sont un incontournable du panier d’achat des foyers français : tous les foyers en achètent, pour une dépense annuelle moyenne de 1628 €, ce qui représente 38% des dépenses alimentaires en 2017 (39% en 2013), dont 18% de produits carnés (toutes espèces, frais + surgelés + charcuteries, traiteurs et élaborés). Une dépense répartie en 94 actes d’achats par an, soit un achat sur trois.

La part des protéines animales dans notre alimentation quotidienne est de 30,4% en 2017, une donnée en lente et constante érosion depuis les années 80 (31,1% en 2014). Le marché de la viande enregistre un recul de fréquentation (trafic -5% depuis 2013) assorti d’une baisse des volumes (-7% depuis 2013).

A noter : la boucherie fraiche reste un marché solide, puisque tous les foyers en achètent, pour une dépense annuelle de 343€ par an, répartie en 30 actes d’achats par an de 1 kg en moyenne, soit un achat tous les 12 jours, pour 30 kg par an.

Ces chiffres attestent que les Français sont déjà des flexitariens. Julia Burtin définit le flexitarisme ainsi : « il vise à consommer moins de viande sans pour autant être végétarien ». En 2017, 1/3 des foyers français déclarent limiter leur consommation de protéines animales. Le profil de ces consommateurs se rajeunit, signe que cette évolution s’inscrit dans la durée (14% des moins de 35 ans en 2015 et 19% en 2017).

Lors du débat qui a suivi cette présentation,

  • Claude Fischler sociologue au CNRS a livré son analyse sur la régression du repas structuré classique : son statut communiel qui l’assimilait à un rendez-vous rituel du foyer autour du repas subit la montée de l’individualisme de plus en plus affirmé : « se revendiquer végétarien revient en réalité à s’individualiser. La culture du repas perd du terrain devant la montée de l’affirmation de soi. En cela le végératisme est hissé au rang d’alibi ».
  • Le Dr Philippe Legrand, chercheur en nutrition à l’Inra de Rennes, a alerté sur les dangers que comporte l’éviction des protéines animales : « elle engendre d’autant plus de déséquilibres pour la santé (carences en Vit. B12, Fer, Vit., Acides gras à longue chaine type Oméga3) que les compensations se font généralement par apport de glucides ce qui provoque un déséquilibre de la balance glycémique orientant l’organisme vers le stockage de graisses ».
  • A l’appui de l’étude Omnivores (Ipsos 2017), Bernard Collin, Directeur Qualité Charal, a rappelé que :  « 93% des Français déclarent que consommer et cuisiner de la viande fait partie de notre culture ; 88% déclarent que la viande participe à un bon équilibre alimentaire et 96% se considèrent comme omnivores » (Cf notre Lettre n°47).

(*) Présentation réalisée dans le cadre du Meat Lab Charal, disponible auprès de fcassignol@cultureviande.fr.

Extrait de L’ACTU, la Lettre hebdomadaire de Culture Viande n°48 du 1er/12/2017

Contact : François Cassignol – fcassignol@cultureviande.fr – Tél.: 01 53 02 40 34