La viande durable ? … parlons-en !

Pour la filière Elevage & Viandes française, c’est 1/ Une durabilité qui intègre les aménités positives, 2/ Un étiquetage délivrant une information juste, 3/ des clauses miroir européennes appliquées aux produits importés

La filière Elevage & Viande française soutient :

1/ Une notion inclusive de la « durabilité »,

2/ Un étiquetage durable offrant une juste information des consommateurs,

et 3/ une application des exigences européennes de durabilité aux produits importés.

(1) Une notion de durabilité prenant en compte tous les biens et services rendus par la filière

La notion de « durabilité » doit être entendue comme incluant l’ensemble des biens et services rendus par une filière : protection de l’environnement et du climat, mais également bénéfices pour la biodiversité, le bien-être animal, le niveau de vie des agriculteurs et la viabilité économique des exploitations, la santé des consommateurs ou encore la sûreté et la sécurité alimentaires. La filière bovine, et plus largement les filières herbivores, souvent décriée pour ses impacts environnementaux et climatiques, joue pourtant un rôle essentiel dans la réalisation d’un système durable : maintien des prairies permanentes (1/3 des surfaces agricoles au sein de l’UE, soit 66 milliards d’ha), véritables puits de carbone (570 kg de carbone, sous 1ha de prairies) et de biodiversité (3.5 tonnes de faunes présentes dans le sol d’1 ha de prairies), maintien du dynamisme des territoires ruraux, tout en assurant un approvisionnement en produits sûrs, aux qualités nutritionnelles reconnues et hautement favorables à la couverture des besoins en plusieurs nutriments essentiels dans le cadre d’une alimentation équilibrée. Outre sa richesse en protéines et en acides aminés indispensables, la viande rouge est, en effet, l’un des principaux vecteurs en plusieurs vitamines et minéraux de bonne biodisponibilité (fer, zinc, vitamine B12, etc.).

Autant d’atouts qui doivent être clairement évalués et pris en considération pour apprécier la durabilité de la filière.

(2) Un étiquetage durable pour une juste information des consommateurs

INTERBEV soutient la mise en place d’un étiquetage « durable » à l’échelle européenne afin d’éviter les distorsions de concurrence résultant d’approches nationales, volontaires ou règlementaires, divergentes.
Toutefois, afin d’assurer une information des consommateurs juste et pertinente, la filière appelle la Commission à élaborer des critères et méthodes solides, fondées scientifiquement et prenant en compte les spécificités des productions. INTERBEV participe à l’expérimentation relative à un affichage environnemental volontaire des biens et services, menée par les pouvoirs publics en France. A l’origine basée principalement sur une « analyse du cycle de vie », l’expérimentation démontre combien il est nécessaire de corriger en profondeur et de compléter cette méthode qui consiste à additionner des impacts environnementaux tout au long du cycle de production pour les rapporter au kilogramme de produits.

En effet, appliquée à l’analyse de l’empreinte environnementale des produits issus de l’élevage, cette méthode issue du monde industriel favorise les cycles de production les plus courts donc les plus intensifs. De même, elle ne comptabilise pas l’ensemble des services rendus par les élevages d’herbivores susmentionnés. Au stade de l’abattage et distribution, la méthode ne permet pas non plus de prendre en compte de façon adéquate d’autres paramètres concernant notamment l’économie de ressources, la valorisation des coproduits, la recyclabilité des emballages ou encore la lutte contre le gaspillage.

Appliquée seule, l’ACV pénalise ainsi fortement et paradoxalement les produits issus d’élevages herbagers mais également les productions biologiques. Une proposition intéressante a émergé de l’expérimentation française sur l’affichage environnemental : le Planet-Score porté par l’ITAB (Institut technique de l’agriculture biologique) et un consortium regroupant des acteurs de l’agroalimentaire et de la société civile ainsi que des scientifiques.

Un étiquetage « durable » européen devra ainsi pouvoir garantir la qualité et la pertinence de l’information fournie aux consommateurs.

(3) Des exigences de durabilité applicables aux productions des pays tiers

Enfin, la filière appelle la Commission à assurer une cohérence globale entre ses politiques agricoles, environnementales et commerciales vers un système alimentaire durable et sa politique commerciale.
Si nos opérateurs sont prêts à poursuivre leurs actions en vue de contribuer à une chaîne alimentaire durable, répondant aux nombreux défis et attentes sociétales, ces efforts ne peuvent être légitimement menés que dans un contexte de concurrence équitable vis-à-vis des opérateurs des pays tiers.

Ceci implique une application des exigences de durabilité (normes sanitaires, environnementales et de bien-être animal) aux viandes importées sur le territoire de l’Union. L’impact des actions européennes et l’acceptabilité des politiques menées par l’UE auprès des sociétés n’en seront par ailleurs que renforcés.

Concrètement, INTERBEV souhaite, notamment, voir appliquées à court terme, les deux mesures miroir suivantes :

  • –  Interdiction d’utiliser les antibiotiques comme activateurs de croissance en élevage (cf. article 118 du règlement relatif aux médicaments vétérinaires 2019/6 du 11 décembre 2018 en attente d’un acte délégué).
  • –  Traçabilité individuelle obligatoire des bovins, de la naissance à l’abattage (une mesure qui pourrait être prise dans le cadre du futur règlement visant à lutter contre la déforestation importée, afin de mettre fin aux importations de viandes brésiliennes, par exemple, qui peuvent être issues d’animaux élevés dans des élevages responsables de la déforestation de l’Amazonie).Cette règle de réciprocité des normes de production entre produits européens et produits importés devra, ensuite, progressivement être généralisée à l’ensemble des normes de production visant à assurer la durabilité de l’agriculture et l’alimentation.

Source : Contribution INTERBEVDurabilité du système alimentaire de l’Union Proposition de législation cadre (règlement horizontal25/10/21. Sur base des informations fournies par l’évaluation d’impact initial, et sous réserve du contenu de l’éventuelle proposition à venir et d’une analyse d’impact approfondie, INTERBEV, organisation interprofessionnelle française représentant les filières bovine, ovine, caprine et équine, soutient l’option 4 relative à l’élaboration d’une législation cadre européenne précisant des objectifs, principes et obligations générales des opérateurs de la chaîne alimentaire pour un système alimentaire durable de l’Union. 

page1image3711408