« La contractualisation : clé de voûte de la pérennité de nos filières et de la souveraineté alimentaire de la France » (Gilles Gauthier) – Congrès de Culture Viande, 21 sept. 2022

Les entreprises françaises des viandes réunies à Paris ce 21 septembre au Congrès de Culture Viande* ont tiré le signal d’alarme : la filière Élevage & Viande française est en danger. Après avoir dressé un état des lieux de la situation : décapitalisation du cheptel, flambée des prix des animaux, tsunami des coûts industriels (énergie, emballage, transport), surrèglementation, attaques médiatiques… le Président Gilles Gauthier a interpellé l’assistance : « il est vital pour nos entreprises de répercuter à nos clients distributeurs la hausse inédite de nos intrants ». Avec responsabilité et courage, il a également été force de propositions :

– à l’échelle européenne, la stratégie Farm to fork et le verdissement de la politique agricole commune vont-ils faire table rase de notre potentiel de production, le 1er d’Europe pour le bovin, le 3ème pour le porcin ? Il en va de notre souveraineté alimentaire, comme de la protection de notre territoire. Pour Culture Viande, la proposition de révision de la directive européenne relative aux émissions industrielles appliquée à tous les élevages comptant plus de 150 unités de gros bétail, doit être combattue avec force. Elle va à l’encontre du modèle d’exploitation que nous devons privilégier demain pour améliorer la compétitivité de nos éleveurs.

– en France, l’enjeu majeur de nos entreprises et de notre filière est bien aujourd’hui d’enrayer le mouvement de décapitalisation de nos cheptels bovins, veaux, ovins et porcins. Nous avons déjà perdu la bataille de l’ovin avec plus de la moitié de notre consommation importée.
Pour le porc
, avec un repli de l’offre UE de près de 5% et des importations massives de pièces désossées et de charcuterie, qui grèvent notre balance commerciale, il faut imposer Le Porc Français en linéaire comme dans les produits transformés.

Concernant le bovin, depuis 2017, notre cheptel laitier s’est amenuisé de 300 000 têtes, 430 000 pour l’allaitant, soit au total un recul de plus de 10% notre offre nationale. En dépit d’une très sensible revalorisation des prix des animaux jusqu’à +45%, notre production continue des’amenuiser à un rythme inquiétant, près de -3% par mois. La conséquence pour nos abattoirs est sévère : une réduction d’activité de -6 à -8%, mais plus grave encore, c’est l’approvisionnement en viande de nos clients et des consommateurs qui risque, dans les prochains mois, de ne plus être assuré, ouvrant un champ encore plus large aux importations.

Culture Viande a pris la mesure du danger de cette situation, pour notre élevage, nos entreprises du cœur de la filière viandes et notre souveraineté alimentaire. Nous prenons l’engagement de tout mettre en œuvre pour enrayer cette décapitalisation, conforter et sécuriser le revenu des producteurs et redonner des perspectives aux jeunes éleveurs. La pratique de la cueillette doit laisser place à une sécurisation des approvisionnements par une contractualisation. 

« La contractualisation est la clé de voûte de notre engagement au côté des éleveurs. J’appelle toutes les entreprises de viandes à s’engager pleinement et au plus vite dans les démarches de contractualisation les plus adaptées à leurs besoins, leurs marchés et contraintes pour sécuriser la plus large partie de notre élevage. Ces contrats devront aussi avoir pour vocation de mieux orienter notre production vers la demande des marchés » a déclaré Gilles Gauthier, Président de Culture Viande (photo ci-contre).

 (*) Podcast audio du congrès : ici – avec les slides des présentations de Philippe Chotteau (Idele)Franck Gardillou (Kantar) et Stéphane Sorin (Collectif Énergie).