Halte à l’usurpation d’identité !

Le lancement de la nouvelle référence Les Nouveaux Fermiers n’est pas seulement une nouvelle pique plantée dans le dos des éleveurs. Elle est également un affront à toute la filière viande, ainsi qu’aux consommateurs qui seraient soi-disant prêts à tout avaler, y compris des couleuvres. Cette « Viande » végétale est proposée chez Monoprix :

– les mots : « nouveaux », en guise d’accroche et « Fermiers », en guise de contexte, qui sera bien évidemment pris au 1er degré par certains flexi- et autres végétariens ;

– les couleurs : blanc, post moderne, dans la lignée du « No Logo » de l’économiste américaine et auteure à succès Naomi Klein ; jaune, couleur émergente alternative s’il en est ;

– l’émotion : avec le cœur, qui signifie « je t’aime » et donc « c’est pour ton bien » ;

– le Moi : c’est bien à moi, citoyen-consommateur-éclairé que ce produit s’adresse (code typographique en minuscule pour plus de proximité : nous sommes dans le local) ;

– la mention « 2 steaks végétaux », désormais encadrée par la loi, assortie de logos « RICHE EN PROTEINES », « MEILLEUR POUR LA PLANETE » et « 100% VEGETAL » (code typographique en capitales, ce qui leur donne un caractère plus officiel).

– le détournement visuel (un conglomérat végétal équivaudrait à un steak haché), couronné par un classement A au Nutriscore, nullement minoré par le nombre d’ingrédients utilisés pour parvenir à ce haut degré d’artificialisation de la viande.

Culture Viande alerte sur cette dérive au détournement de l’alimentation, des mentions et des concepts qui y sont associés. Un détournement en passe de devenir un sport national au pays de la gastronomie : le faux et usage-de-faux sont hissés au rang idéologique du positionnement politique et de l’activisme rebelle. Si la rébellion devient une nouvelle forme de modernité (zadisme, start up, Ong…) en prolongeant le trait, que devient le secteur de la viande : une activité à majorité d’importation de ce qui sera produit dans le reste de l’Europe et du monde ? Les emplois, métiers, activités économiques fondées sur l’exploitation animale seraient tous passés par pertes et profits et pas ceux de l’exploitation végétale ? Pour combien de temps. Les GAFAS érigés en Mozart de la Finance, après avoir façonné les nouvelles relations sociales, donnent le LA à cette tendance en mettant une main sur une nouvelle alimentation et en apportant une manne financière astronomique*. Pour Culture Viande, la nouvelle cuisine n’a pas son siège dans la Silicon Vallée.

(*) Lire notre article Finance : la « TECH » mise (gros) sur la vague vegan.

Extrait de L’ACTU, la lettre hebdomadaire de Culture Viande n°30 du 27 juillet 2020