Covid19 : l’économie des entreprises des viandes fortement déséquilibrée

Les conséquences engendrées par l’épidémie du Covid-19 pour les entreprises des viandes sont chaque jour plus nombreux.

Pour la filière bovine, le déséquilibre dans la valorisation des carcasses s’est aggravé avec de fortes modifications de la consommation ; le piécé a connu une baisse brutale, sous un triple effet :

1) la fermeture des réseaux de restauration commerciale traditionnellement consommateurs de morceaux nobles,

2) la fermeture des rayons traditionnels, notamment en hypermarché, qui permettaient de valoriser les races allaitantes et produits de qualité,

3) le besoin de réassurance des consommateurs qui les incitent à des achats dirigés vers les rayons libre-service et les produits préemballés.

Si la consommation de viande hachée se maintient, faisant apparaitre une consommation de viande bovine stable en volumes, la brutalité des changements de consommation impacte lourdement l’économie des entreprises :

– tout d’abord, faute de débouchés, les meilleurs morceaux doivent être congelés et stockés. Mais les capacités de stockage étant limitées, les entreprises n’ont d’autres choix que de réduire leurs abattages ;

– ensuite, des morceaux à forte valeur doivent de plus en plus intégrer les produits élaborés, notamment la viande hachée. Or, ces produits sont actuellement insuffisamment valorisés pour supporter le surcout induit, compte tenu de leur composition en matières premières nobles ;

S’ajoute à ces difficultés la fermeture des marchés des peaux qui conduit à une perte totale de valeurs des cuirs.

Pour Culture Viande, il y a donc urgence à retrouver de la valeur sur le produit aujourd’hui demandé par les consommateurs : la viande hachée.

La situation est encore plus dramatique pour les filières veaux et agneaux. Pour ces deux filières, la perte de consommation induite par les 3 mêmes effets, n’est pas compensée par les ventes de produits élaborés. En veaux et en agneaux, la diminution d’abattage est estimée à plus de 33%. Or, par définition, ces animaux jeunes ne peuvent pas rester en élevage.

A cette baisse de consommation, la filière agneaux doit en plus ajouter que le confinement a lieu durant son pic annuel de production. La filière s’était en effet organisée pour que les agneaux soient prêts à être consommés à l’occasion des fêtes religieuses qui ont lieu en avril (les Pâques juive, catholique, orthodoxe et le début du Ramadan musulman). Selon les estimations faites entre 150 000 et 200 000 agneaux français pourraient ne pas trouver preneurs. Malgré la bonne volonté de tous les opérateurs, un tel afflux ne pourra pas trouver de débouchés sur le marché intérieur et des mesures de dégagement doivent être envisagées.

Pour la pérennité des filières veaux et agneaux, l’appui des pouvoirs publics est crucial et urgent.