COVID-19 : En France comme en Europe, le secteur bovin dans la tourmente (Idele, 8 avril*)

L’Idèle diffuse toutes les semaines un webinaire relatif aux conjonctures viande et lait. Cette analyse, outre la conjoncture française, permet notamment d’apprécier les évolutions dans les autres pays européens. Le confinement généralisé en Europe pour lutter contre la pandémie de Covid-19 a un fort impact sur le marché de la viande bovine, ainsi que sur la viande de veau.

RHD à l’arrêt, achats des ménages en hausse mais par à-coups, filières et opérateurs naviguent à vue. La tendance constatée en France de fortes ventes de viande hachée en GMS mais d’une baisse drastique des ventes de muscles semble être générale aux pays en confinement. Le déséquilibre dans la valorisation des carcasses apparait donc être un phénomène qui touche tous les pays. La situation en Europe est donc tout à fait inédite :

–         en Pologne, les abattages ont fortement ralenti en semaines 12 et 13 : – 36% par rapport à la semaine 11, dont -42% pour les taurillons, -39% pour les génisses et -25% pour les vaches de réforme. La Pologne étant très dépendante de l’exportation vers les autres États membres pour la valorisation de sa viande bovine, écoulée principalement en restauration, faute de demande, les prix à la production ont plongé. La cotation de la vache O a perdu 26 centimes en 2 semaines pour tomber à 2,32 €/kg de carcasse en semaine 13 (-13% /2019 et -22% /2018). Celle du JB O a perdu 23 cts en semaine 12, pour se stabiliser à 2,70 €/kg de carcasse en semaine 13(-11% /2019 et -18% /2018) ;

–         en Irlande, l’indicateur hebdomadaire d’abattages de Bord Bia arrêté en semaine 14 ne montre aucun ralentissement de l’activité des abattoirs agréés à l’export. Ainsi, sur les quatre dernières semaines (11 à 14), les abattages de vaches (+2% /2019) et de bœufs (+7%) ont progressé. Ceux de génisses sont stables. Seuls les abattages de JB, qui avaient été exceptionnellement élevés au 1er semestre 2019 en anticipation du Brexit, sont en nette baisse (-41%). Les cotations de toutes les catégories restent cependant à la baisse. Et la fermeture de la RHD partout en Europe continue de peser surtout sur les cours des vaches de réforme, d’après Bord Bia. En semaine 13, la cotation de la vache O atteignait ainsi 2,82 €/kg éc (+5% /2019 ; -15% /2018) soit 11 cts de moins en une semaine (-4%). Et les prix commencent également à fléchir pour les animaux écoulés dans les autres circuits. La cotation du bœuf R a ainsi perdu 3 centimes (-1%), à 3,65 €/kg éc (= /2019) ;

–         en Allemagne, le marché est fortement pénalisé. Les transactions sont limitées par une demande des abattoirs en berne. Les ventes du secteur de la restauration rapide s’étant complètement effondrées, le nombre de vaches de réforme abattues a chuté et les cotations sont à un bas niveau : en semaine 14, le cours de la vache O a est à 2,58 €/kg de carcasse (-10% /2019, -18% /2018), celui de la vache P a 2,15 €/kg de carcasse (-7% /2019, -16% /2018), et de la vache R à 2,74 €/kg de carcasse (-10% /2019, -18% /2018).

–         au Royaume-Uni, la question de la valorisation du haché apparait centrale. Confronté à de fortes ventes de viande hachée (+45% /2019) qui en fin de période serait les seuls à progresser, la question de l’équilibre de valorisation des carcasses est au centre des préoccupations des opérateurs anglais. L’Idèle indique que d’après AHDB, les découpes à haute valeur ajoutée (aloyau) seraient désormais stockées dans les congélateurs des industriels, à cause de la quasi-disparition de la consommation en RHD. Si les transformateurs britanniques devaient continuer de répondre à une demande croissante en viande hachée, en y intégrant des découpes plus qualitatives, cela pourrait dégrader considérablement la valeur de la carcasse sans une augmentation du prix de la viande hachée. En temps normal et en moyenne au Royaume-Uni, 43% du poids de la carcasse, soit environ 57% de la viande bovine nette, sert à faire de la viande hachée même si cette proportion est variable suivant les opérateurs et la saison. D’après une étude d’AHDB, augmenter de 10% la part de carcasse hachée, sans revalorisation, entraînerait une baisse du prix de détail moyen de la carcasse d’environ 79 £/tête (91 €) pour une carcasse de 345 kg. L’AHDB a aussi proposé une analyse de la variation de valorisation de la carcasse en fonction de l’évolution de la proportion de viande hachée.

(*) Présentation Idele  du 9/04/20 à retrouver : ici ; le webinaire de la présentation « Les marchés de la viande bovine et ovine à la veille de Pâques et du Ramadan » accessible : ici.