Conso : les écarts entre déclaratif et réel s’expliquent par de nombreux biais

Les enquêtes* sur les comportements alimentaires souffrent de biais créant des décalages entre comportements déclarés et réels. Ces écarts sont liés aux caractéristiques des répondants, aux contextes de leurs réponses, aux démarches et méthodes de recueil des informations et à leurs modalités ultérieures de traitement. Ces décalages peuvent être liés au psychisme et au mental des individus, ou à leurs réactions lors de la collecte des données :

– pour les enquêtes avec échantillons représentatifs d’une population, le niveau de participation joue : la volonté de ne pas répondre à certaines questions, et les taux de non-réponse qui en résultent créent un biais de sélection dans les résultats, en particulier quand ces taux varient en fonction de critères socio-économiques ou individuels (ex. : corpulence, sexe, niveau d’éducation). Ce problème vaut pour les panels de consommation, recrutant des profils spécifiques aux caractéristiques différant largement de la population générale ;

– dans le cas des panels de consommateurs, des biais de participation et d’apprentissage modifient la manière de renseigner ses achats. Certains panélistes deviennent experts sur des aspects de l’objet étudié (les prix par exemple), distordant un échantillon jugé « représentatif » au départ ; un effet de lassitude peut aussi modifier la manière de répondre, dans le cas de questionnaires à remplir de façon répétée. Les enquêtes déclaratives, demandant aux individus d’exprimer des avis sur des sujets variés, comportent également des limites : elles recueillent des jugements ponctuels, rapides, parfois superficiels et instinctifs ; ces enquêtes engendrent également un biais d’observation : se sachant observés, les participants peuvent modifier leurs comportements alimentaires habituels. Ces biais d’estimation portent sur les portions consommées (le plus souvent sous-estimées) ou les fréquences d’un comportement inhabituel (plutôt surestimées).

– le déclaratif fait souvent appel à la mémoire, qui présente des limites, et les questionnaires collectent des souvenirs incertains, des perceptions déformées associées aux actes de consommation. Les écarts liés aux répondants peuvent également découler d’un décalage intrinsèque et quasi naturel entre opinion et comportement (attitude-behaviour gap), en particulier pour les enquêtes d’opinion. De nombreuses études ont observé une faible corrélation entre opinions émises et consommations effectives : c’est le cas des achats reposant sur des préoccupations éthiques (production durable, environnementales, protection des personnes employées, etc.).

*Etude à retrouver : ici.

Extrait de L’ACTU, la lettre hebdomadaire de Culture Viande n°40 du 28 septembre 2020

A lire également : « L’intérêt de consommer de la viande est de plus en plus jugé sous l’angle environnemental », Interview de Christophe Lapasin, secrétaire général de Célene – Revue LSA 18/11/2015.