Animalisme : un combat « TECH » contre… « NATURE », né dans la Silicon Valley

Le combat mené par les animalistes a pris une nouvelle dimension1. Depuis plus de dix ans déjà, les stars de la net economy américaine ont endossé un combat animaliste révélateur d’angoisses existentielles. Pour Sergey Brin, cofondateur de Google, il faut « éviter la mort de millions d’animaux » grâce à la viande de labo.

En France, les « digital entrepreneurs » Jacques-Antoine Granjon, Xavier Niel et Marc Simoncini ont lancé le 2 juillet, avec une vingtaine d’associations, un projet de référendum d’initiative partagée (RIP) « en faveur de la cause animale » (cf notre LETTRE n°28 du 13/07/2020 reproduit ci-dessous ). Pour eux, il faut finir avec ce que Brigitte Gothière (L214) qui pilote l’opération, appelle « un système qui crée du malheur partout ». Derrière la générosité et la sensibilité apparente du propos, se dessine une conception de l’homme désincarnée et un refus de sa condition de mortel. L’objectif est le même : abolir l’élevage.

Qui pourrait, à première vue, être en désaccord avec l’épiphanie animaliste vécue par Xavier Niel ? « Il y a quelques années, cette cause ne me touchait pas (…). Les vidéos de L214 ont servi de déclic. Je suis un être humain, je vis sur cette planète (…) Mes enfants m’ont aussi ouvert les yeux. L’insensibilité, c’est l’horreur », expliquait le patron d’Illiad lors de la conférence de presse pour le lancement de ce RIP qui vise à interdire « la chasse à courre, l’élevage d’animaux à fourrure, les spectacles avec des animaux sauvages, les expérimentations sur les animaux lorsque c’est possible, ainsi que la fin des élevages en cage et intensifs ». Avant d’applaudir à cette idée, il convient quand même de s’interroger sur ses implications.

Les patrons de la tech française se lancent donc dans le mouvement du refus de la mort des animaux. « Pourquoi cette peur de la mort ? ». Derrière la plupart des milliardaires de la Silicon Valley, qui sont convaincus que la tech peut tout changer dans le monde, il y a une volonté de désincarner l’homme, d’en faire un data center que l’on peut nourrir de molécules », analyse Frédéric Denhez2, écologue, auteur du récent ouvrage « La Cause vegan, un nouvel intégrisme ? ».

« C’est un sentiment de toute-puissance qui entre en collision avec le dégoût de la réalité, celle d’être un homme, mortel. La meilleure façon de couper l’homme de sa nature, ou du moins d’en avoir l’impression, c’est de le couper de ce qui le rattache à la vie, à la mort, à la souffrance. Donc, de l’animal. » Pour lui, ces hommes puissants de la tech « sont devenus incapables de supporter l’idée même de cette souffrance qui pourtant, est inhérente à la nature. « Cette idéologie vise à couper l’homme de lui-même. L’animal est devenu un totem, autour duquel on tourne. Il est devenu l’objet de la mauvaise conscience, un objet de projections d’angoisses, qui cristallise la peur de la mort. Avant, il y avait l’alcool, le cul, le jeu pour oublier. Aujourd’hui, il y a la cause animale. On ne veut plus voir les animaux qui nous rappellent notre finitude ».

Si nous sommes les égaux de l’animal, comme on le prétend lorsqu’on est animaliste, on doit accepter notre animalité, la mort, la souffrance qui court le long de la chaîne alimentaire ; on doit accepter d’être un prédateur, un carnivore.

Au lieu de cela, on considère l’animal comme un sujet de réalité virtuelle, que la tech de la Silicon Valley pourrait fort bien remplacer avec des images de synthèse. »

(1) Extraits d’un article d’Emmanuelle Ducros, journaliste à L’OPINION largement relayé 3 juillet 2020 par l’UGPVB.

(2) A lire également : « Les consommateurs voient dans la viande in vitro une façon « morale » de régler leurs contradictions ». Journal L’OPINION, 13 novembre 2019.

Photo : fredericdenehez.fr

Extrait de L’ACTU, la lettre hebdomadaire de Culture Viande n°29 du 20 juillet 2020.

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Ext. Lettre de Culture Viande n°28 du 13/07/2021 :

RéFéRENDUM D’INITIATIVE PARTAGéE POUR LES ANIMAUX : LES CHASSEURS EN ORDRE DE BATAILLE 

Un Référendum d’Initiative Partagée (RIP) pour les animaux a été lancé ce 2 juillet. Il vise à interdire la chasse à courre et les chasses traditionnelles, les cirques avec animaux, certaines formes d’élevage et l’expérimentation animale : 185 parlementaires et 4,7 millions d’électeurs doivent l’approuver pour qu’il soit mis en œuvre. Dans un communiqué daté du 8 juillet, la Société de Vènerie appelle au respect de la différence : pour les veneurs, la chasse à courre est un mode de vie. Alors que la tolérance, le respect de la diversité sont des valeurs essentielles de notre société, pourquoi seuls les chasseurs à courre se verraient-ils dénier ces principes fondamentaux ? Face à ce RIP, la vraie question est : tout ce qu’on n’aime pas doit-il être interdit ? L’authenticité de ce mode de chasse séduit de nombreux adeptes. Pratiquée par 390 équipages, à pied ou à cheval, la chasse à courre est présente dans 70 départements ; elle réunit 10 000 veneurs et 100 000 sympathisants passionnés, de toute catégorie sociale, qui suivent gratuitement des chasses, des promenades en forêt et tous les événements organisés par les équipages, qui rythment la vie de la campagne. La chasse à courre est, par essence, une chasse écologique : ce sont les chiens qui chassent. Elle est une chasse authentique qui mêle dressage des chiens, entrainement des chevaux et connaissance de la nature. C’est une science, un art, autant qu’un sport. Elle a inspiré nombre de peintres et d’écrivains. 4 millions de chasseurs, veneurs et sympathisants sont moins visibles que trois patrons de la Tech associés à Hugo Clément, supporter d’associations animalistes, bien éloignés de la réalité des campagnes. La Société de Vènerie pose la question : « Faut-il désormais systématiquement accéder aux exigences animalistes de quelques privilégiés des médias, du cinéma ou de la finance et interdire à jamais la passion de dizaine de milliers de Français en un revers de main ?»*. 

Devant une montée sans précédent des thèses écologistes et de l’activisme animaliste, la Société de Vènerie se met en ordre de bataille avec une cellule de crise et un plan d’actions. Conseil d’administration et délégués régionaux sont mobilisés dans une tâche qui va de l’exploitation animale à la consommation de viande. Culture Viande s’associe à ce combat : la République a créé des droits et les a protégés. Parlementaires et citoyens doivent désormais choisir entre créer des interdits ou défendre ces libertés. La partie n’est pas gagnée. (*) Cf Article de Libération ici.