3 idées reçues environnementales avancées par les végans (C. Lapasin , Célene)

– Idée reçue N°1 – 

La production de viande demande beaucoup d’eau. 

On entend depuis longtemps que 15000 litres d’eau sont nécessaires par kilo de carcasse. Pour Christophe Lapasin c’est une erreur méthodologique que de le diffuser comme ça. La valeur de 15 000 litres d’eau a été obtenue pour le calcul de la « water footprint » (qui calcule l’empreinte virtuelle de l’eau) qui englobe l’eau brute (eau bleue), collectée par les rivières et les réseaux, consommée par les animaux et l’irrigation des cultures) ; l’eau verte (eau de pluie qui tombe sur la prairie) et l’eau grise (dépollution et recyclage des déchets organiques des animaux). Or, la méthode « water footprint »   ne tient pas compte des cycles biologiques, de l’eau qui retourne à la terre, dans les plantes…  94 % de ce volume correspond à de l’eau de pluie (eau verte), prise dans les sols et consommée par les plantes. Cette quantité retourne dans le cycle de l’eau, et elle serait consommée même s’il n’y avait pas d’élevage. 

Si on fait un calcul selon la norme ISO 14064 (norme pour calculer la consommation d’eau) on arrive à 60 litres d’eau pour produire 1 kg de viande de bœuf ce qui est plus exact.

– Idée reçue N°2 – 

L’élevage est le 1er contributeur de gaz à effet de serre (avant même le transport et la production d’énergie)

Cette idée reçue est fausse.  L’élevage correspond à 5 % des émissions de gaz à effet de serre contre 14 % pour le transport. A l’origine, la FAO avait fait entrer dans le calcul des gaz à effet de serre émis par l’élevage l’ensemble des effets directs et indirects (fabrication de l’aliment, transport de l’animal, transport de l’aliment…). Pour le transport, le calcul n’avais pas été fait en tenant compte des effets indirects (extraction du pétrole, transport du pétrole, recyclage des voitures…). En ne faisant entrer dans le calcul que les effets directs, le transport émet plus de gaz à effet de serre que l’élevage. 

Il est possible toutefois de réduire de 15 % ces émissions de gaz en élevage de ruminants en modifiant ses pratiques d’élevage. En gestion de troupeau on peut par exemple baisser l’âge du 1er vêlage ou en travaillant sur l’efficience de l’alimentation (avec des aliments plus faibles en carbone).

– Idée reçue N°3 – 

La nourriture produite pour les animaux devrait servir à nourrir l’homme

80 % de l’alimentation animale (niveau mondial) n’est pas consommable par l’homme. De toutes les protéines végétales produites pour l’alimentation des animaux (des ruminants notamment) beaucoup sont des fourrages ou de l’herbe non comestibles par l’homme. Cette herbe est de plus produite sur des terres souvent peu propices aux cultures.  

Actions de la filière sur l’environnement à mettre en avant

Limiter la déforestation qui continue à augmenter en forêt amazonienne. Mais en France, l’usage du soja est mineur (0.8 % bovin viande et moins de 5 % sur les bovins laitiers). Les exploitations produisent en majorité le fourrage nécessaire au fonctionnement de leur exploitation. 

Limiter la pollution de l’eau et de l’air par les déjections

Les émissions d’ammoniac, qui contribuent à la formation de particules fines et à l’eutrophisation des milieux, sont à 97 % dues à l’agriculture. La réduction des émissions de NH3 passe principalement par une meilleure gestion et valorisation de l’azote contenu dans les effluents d’élevage, les fertilisants et l’alimentation animale. Une étude INTERBEV est en cours pour viser à réduire ces émissions.

Au niveau local la méthanisation se développe et permet de produire de l’énergie. 

Responsabiliser les entreprises en matière d’emballage.

Les produits viande sont remis au consommateur emballés. Il faut s’assurer que l’emballage soit bien recyclable et il est indispensable de créer de nouvelles filières pour doubler le taux de recyclage des plastiques. 

Valoriser les co-produits 

Moins de la moitié de l’animal fini dans l’alimentation humaine. Le reste n’est pas du déchet pour autant (os : gélatine ; peau : maroquinerie ; abats : consommés par l’homme ou les animaux…), mais la valeur économique des co-produits n’est pas toujours bien valorisée.  Par exemple, avec la laine ou le cuir, un travail est à faire pour améliorer la qualité du produit fini…

Apprendre à cuisiner les abats, souvent rejetés par les citadins est un moyen de valoriser ces co-produits. A terme, cela augmenterait la part de l’animal consommée par l’homme.

Extrait du Bulletin de L’Alliance Pastorale n°899 Mai 2019