A propos de l’impact qu’auraient les viandes sur l’environnement, Jean-Baptiste Dollé revient sur les idées reçues – eau, gaz à effet de serre, co-produits.
– Concernant les algues vertes sur nos rivages : oui il est vrai que dans les années 1990 les excès d’azote dans certaines zones ont pu contribuer au phénomène des algues vertes. Cependant depuis la mise en œuvre de bonnes pratiques de gestion des déjections qui date des années 1990, la qualité de l’eau s’est nettement améliorée et continue de s’améliorer encore dans les zones d’élevage ;
– 2nd point : la consommation d’eau, il est dit que 15 000 l (parfois 100 000 l) d’eau sont nécessaires pour produire 1 kg de viande. Faux. Seuls 50 à 60 litres d’eau sont nécessaires pour produire 1 kg de viande. Les 15 000 l intègrent en réalité l’eau de pluie tombant sur les surfaces agricoles, ce qui constitue une aberration méthodologique : si les vaches n’étaient pas là, cela n’empêcherait pas la pluie de tomber ;
– L’élevage serait en compétition avec l’alimentation humaine : si vous faites le calcul de l’efficience alimentaire (considérant la part de protéines consommée par les bovins et consommables par l’homme), seuls 5% des protéines contenues dans la ration des bovins viande est consommable par l’homme. Cette très faible compétition est liée à la part d’herbe et de co-produits issus de l’industrie agroalimentaire dans les régimes bovins. Les vaches mangent de l’herbe quand elles sont dehors. Lorsqu’elles ne sont pas au pré, elles mangent du foin, soit le déchet des cultures céréalières ;
– L’élevage serait responsable de la déforestation en lien avec l’utilisation de soja provenant d’Amazonie, FAUX. En Bovin viande le tourteau de soja représente 0,8% de la ration. Il est de plus en plus remplacé par du colza ou du soja issu de zones non déforestées. Ce qui motive la déforestation, c’est l’exploitation du bois.
– L’élevage détérioreait la biodiversité, FAUX. Quelle activité peut prétendre entretenir les prairies, les haies, la mosaïque paysagère. Cette biodiversité fonctionnelle est un gage de maintien du potentiel de production. Les sols riches en microorganismes, en matière organique permettent ainsi le maintien des capacités productives et contribue par ailleurs au stockage de carbone dans les sols.
– L’élevage bovin contribuerait à l’emballement climatique … si les bovins, comme toute activité humaine, émettent des GES en lien notamment avec le méthane entérique qui confère aux ruminants le pouvoir de digérer la cellulose, la contribution de l’élevage (10,4%) sur 13 millions d’ha de prairies contribue au stockage de carbone dans les sols. Ce stockage compense 30% des émissions de GES. Par ailleurs ces sols fertiles à forte teneur en carbone, riche en biodiversité sont des gages de sécurité alimentaire. Donc des impacts certes, comme toute activité humaine, mais qu’il faut les ramener à leurs justes valeurs.
Fort de ce constat, cela ne signifie pas qu’il ne faille pas agir pour la préservation de l’environnement sur l’ensemble de la chaîne de production. Je rappelle notamment que 80 à 85 % de l’impact final du produit viande relève de l’amont ‘est-à-dire les pratiques mises en œuvre sur la ferme. Cette part entre d’ailleurs dans le bilan final du produit rendu aux consommateurs. Chacun peut ainsi s’investir dans la réduction de l’impact environnemental et le maintien de la production. Les filières d’élevage bovin ont ainsi mis en place des programmes ambitieux. En production laitière plus de 9 000 élevages sont impliqués dans la démarche Ferme Laitière Bas Carbone.
De son côté la filière viande bovine accompagne 2 000 élevages dans le programme Beef Carbon avec l’objectif de réduire de 15% l’empreinte carbone de la viande bovine. Le plan de filière affiche d’ailleurs cette ambition de réduire de 15% l’empreinte carbone d’ici à 2025. Ces programmes montrent bien qu’un élevage bas carbone est possible. Il est également important de noter qu’un élevage bas carbone est un élevage efficient sur le plan technique et présente les meilleurs résultats économiques. Donc l’environnement ne doit pas être vu comme une contrainte. Il faut que nous en fassions une opportunité ; une opportunité d’améliorer l’efficience de nos systèmes de production, leur capacité productive, tout en réduisant notre impact et en améliorant l’image de nos produits vis-à-vis des acheteurs et des consommateurs. A l’image de ces initiatives en place, nous devons donc nous emparer du sujet maintenant et seule l’implication de l’ensemble des acteurs de la filière permettra de progresser.
Donc arrêtons de dénigrer les messages à charge, engageons des actions concrètes pour ainsi pouvoir communiquer de façon positive à notre tour. Voir l’intervention de Franck Porcher : l’Economie Circulaire à l’échelle de l’entreprise, également sur Youtube.
Lien de l’intervention : https://www.youtube.com/watch?v=uubL5MU5eck
Vidéo extraite de l’assemblée générale de Culture Viande – Oct 2018
Contact : François Cassignol – fcassignol@cultureviande.fr b- Tél.: 01 53 02 40 04