Une proposition de loi sur les conditions d’abattage est discutée en séance publique à l’Assemblée nationale ce 12 janvier 2017 […].
La protection animale dans les abattoirs ne se réduit pas à
une question de caméras !
Tribune de Pierre Halliez, Directeur général de Culture Viande
Paris, le 11 janvier 2017
Une proposition de loi sur les conditions d’abattage est discutée en séance publique à l’Assemblée nationale ce 12 janvier 2017. Une occasion pour Culture Viande de rappeler que les images de maltraitance sur des animaux récemment diffusées ne sont pas, loin de là, une généralité. La protection animale est une priorité pour les abatteurs membres de Culture Viande, et elle ne peut se résumer à un débat sur la présence ou non de caméras.
Alors que beaucoup s’expriment actuellement sur les conditions d’abattage, il semblait important que les abatteurs qui sont les premiers concernés par ce sujet s’expriment et rappellent quelques principes fondamentaux :
– Il faut d’abord savoir qu’une bonne viande ne provient jamais d’un animal stressé. De la même manière que des ergonomes ont été associés pour améliorer la qualité de vie au travail dans les abattoirs, agronomes et vétérinaires ont largement puisé dans les progrès des sciences animales (science du comportement) pour s’assurer de la protection des animaux lors de l’abattage. Bien avant l’entrée en vigueur des réglementations, la protection animale était une priorité pour Culture Viande. La mise en œuvre de bonnes pratiques est aujourd’hui généralisée et vise en tout premier lieu à ne pas faire souffrir les animaux.
– Une chose est sûre : la protection animale à l’abattoir n’est pas une affaire de caméras même si certains profitent de ce débat de société pour exister médiatiquement. D’un point de vue technique, nous souhaitons rappeler que le contrôle vidéo n’a jamais fait ses preuves en matière de protection animale. De fait un contrôle vidéo n’empêche pas les actes de maltraitance, il permet de les constater a posteriori…, les vidéos tournées par les anti-viandes en sont la preuve criante. D’ailleurs, si une loi devait imposer des caméras dans les abattoirs, les associations anti-viande ne cesseraient pas pour autant de multiplier et diffuser des images chocs puisque leur réel objectif n’est pas le bien-être animal : il est de mettre fin à la consommation de viande et produits animaux. Quant à la supposée dissuasion du dispositif, qui fait encore attention aux caméras de surveillance qui se sont multipliées dans les rues ?
– Du point de vue des professionnels, la protection animale est avant tout une question d’hommes, de formation et de bon sens. Si les hommes et les femmes qui préparent la viande au quotidien dans nos entreprises tiennent absolument au respect du bien-être animal, c’est certes une question d’éthique, c’est surtout une question de fierté. Celle de la conscience professionnelle d’abord. Cela passe :
. par la formation qu’ils suivent : dans chacun de nos abattoirs, jusqu’à 35 salariés disposent d’un certificat de compétence spécifique sur la protection animale*. Au total, plus de 6000 personnes en France sont titulaires de ces certificats de compétence, existants pour chacune des espèces animales ;
. à cela, s’ajoute les Responsables de la Protection Animale (RPA), en quelque sorte les « garants » de la protection animale, qui sont au nombre de deux à trois par site* : à l’échelle de la France, ils ou elles représentent plus de 1000 personnes détenant un certificat de compétence RPA valable pour cinq ans et obtenu après un examen officiel.
– Il est important de dire ici que l’abattage-découpe en France est une des activités les plus contrôlées, comme nulle part ailleurs dans les secteurs de production. Ce débat sur la présence de caméras n’est en rien lié au fait « qu’il y aurait quelque chose à cacher ». La transparence est réelle et quotidienne, car en France, l’activité d’abattage-découpe se fait sous le contrôle des Services de l’Etat (« l’inspection vétérinaire ») présents en permanence dans les abattoirs : dans les plus grands abattoirs, nous comptons plus de vingt vétérinaires ou préposés vétérinaires de l’Etat ; Culture Viande a même demandé à ce que l’un deux soit systématiquement présent au poste d’abattage.
Imposer des caméras reviendrait à dire que tous ces hommes et ces femmes, salariés d’entreprises et contrôleurs des services vétérinaires de l’Etat, ne font pas, ou mal, leur travail.
Enfin imposer un contrôle vidéo aux abattoirs soulève une question fondamentale : le législateur peut-il imposer la présence de caméras dans des lieux privés sans gravement remettre en cause les libertés fondamentales ? On le voit, le sujet de la protection animale n’est pas seulement une question de caméras à l’abattoir : si cette obligation s’imposait aux abatteurs, quelle serait la prochaine étape ?
(*) recensés dans les entreprises membres du Culture Viande
Culture Viande regroupe les entreprises françaises, du secteur de la viande bovine, ovine et porcine. Il exerce la mission de représentant et de porte-parole de ces industries et intervient comme force de propositions. Les chiffres clés de Culture Viande : 70 adhérents, 150 établissements industriels 35.000 salariés •10,5 milliards d’euros de CA • 2,8 millions de tonnes de viande bovine, porcine et ovine, 87% des abattages français de porcs, 64 % des abattages français de gros bovins, 80 % de la production nationale de viande hachée, 93 % des exportations françaises de viande bovine et porcine fraîches et congelées.
Contact : François Cassignol – fcassignol@cultureviande.fr – Tél.: 01 53 02 40 34 – 06 83 90 67 05