L’économie porcine en danger
Un plan d’actions pour la survie de la filière porcine en France doit être immédiatement engagé, car jamais une crise n’aura été aussi grave et aussi lourde de conséquences pour l’économie porcine française :
- les éleveurs ne peuvent plus se rémunérer vu le niveau des prix du porc à la production ; nombre d’entre-eux sont contraints au dépôt de bilan ;
- les entreprises d’abattage-découpe privées et coopératives déjà en difficulté ne survivront pas au rythme actuel des disparitions des producteurs, les uns ne pouvant exister sans les autres ;
- dans ce contexte, paradoxalement, l’industrie de la charcuterie salaison fait le choix d’un approvisionnement européen au moins cher. Au-delà de cette vision court-termiste, le réveil sera brutal quand leurs fournisseurs européens de viande deviendront demain producteurs de charcuterie à grande échelle ;
- la grande distribution rivalisant d’ingéniosité pour tenir les éleveurs à l’écart de leurs magasins, continue sa politique du prix le plus bas détruisant ainsi la valeur dont la filière a tant besoin.
Culture Viande, qui représente les entreprises du cœur de la filière dont la vocation exclusive est de valoriser la production porcine française sur notre marché national comme à l’exportation, affirme sa solidarité avec les éleveurs et alerte les pouvoirs publics sur la nécessité d’agir urgemment. Le diagnostic nous le connaissons et n’avons de cesse de le répéter :
- il tient à un décrochement drastique de notre compétitivité dû à 20 ans d’accumulation de contraintes, et de charges, fiscales, sociales, règlementaires franco françaises totalement incompatibles et déconnectées de la réalité d’une concurrence européenne plus pragmatique et prompte à nous prendre des parts de marché ;
- à ces handicaps structurels sont venues se cumuler des difficultés conjoncturelles, avec une hausse de la production porcine communautaire de plus de 8 millions de porcs en un an, en Espagne et en Allemagne notamment ; ceci, alors même que l’embargo russe prive l’Europe d’un marché extérieur annuel de 850000 tonnes ;
- quant au repli de la consommation française de viande porcine, il atteint près de 5% depuis le début de cette année.
L’inter-profession porcine française, interlocuteur privilégié des pouvoirs publics, après concertation avec l’ensemble des maillons de la filière, a présenté au Ministre de l’Agriculture dans une déclaration solennelle de la filière porcine en date du 31 mars 2015, deux revendications fortes pour sortir de cette crise et retrouver une indispensable compétitivité sur le marché européen :
- la mise en place pour le secteur de l’abattage-découpe de mesures exceptionnelles permettant une baisse des coûts salariaux de 25% ;
- une mesure règlementaire pour que l’origine de la viande soit clairement indiquée et identifiée sur les charcuteries, produits transformés et plats cuisinés.
Le Ministère de l’agriculture n’a suivi aucune des recommandations de l’interprofession, nous devons donc aujourd’hui en tirer les conséquences. Au moment où nous devons renouveler les accords concernant les cotisations d’Inaporc pour 2016, Culture Viande s’interroge sur le sens et l’intérêt d’un engagement interprofessionnel alors qu’il n’y a aucune prise en compte par les Pouvoirs publics des mesures appelées unanimement par la filière pour sortir de la crise de façon durable. Face à la gravité de la situation, la responsabilité de chacun est engagée.
Contact : François Cassignol – francois.cassignol@snivsncp.fr – 01 53 02 40 34 – 06 83 90 67 05
Culture Viande regroupe les entreprises industrielles françaises, grandes et petites, du secteur de la viande bovine, ovine et porcine. Il exerce la mission de représentant et de porte-parole et intervient comme force de propositions. Les chiffres clés de Culture Viande : • 80 adhérents, 150 établissements industriels. 35.000 salariés •10,5 milliards d’euros de CA • 3 millions de tonnes de viande bovine, porcine et ovine 94% des abattages français de porcs, 65 % des abattages français de gros bovins, 80 % de la production nationale de viande hachée, 97 % des exportations françaises de viande bovine et porcine fraîches et congelées.