Crise de la filière des viandes françaises :
Le double piège de la division et de l’inaction
Les difficultés économiques qui frappent les éleveurs sont réelles. Celles que rencontrent les entreprises françaises de l’abattage-découpe le sont tout autant. La spirale des prix bas orchestrée par les enseignes de la grande distribution est dénoncée, en vain, depuis quatre ans. Et le dépôt de bilan de deux grandes entreprises de l’abattage-découpe du secteur porcin en 2014 n’a en rien résolu les difficultés des éleveurs.
Dans ce contexte, Culture Viande en appelle au Ministre de l’agriculture, ainsi qu’aux responsables professionnels de la filière, à un plein soutien aux entreprises françaises des viandes. Les divisions qui rongent la filière s’expriment aujourd’hui de façon ouvertement radicale devant les micros et les caméras. Encourager cette tendance, c’est jouer un jeu dangereux. La santé de toutes les entreprises, y compris des premières d’entre-elles en termes d’activité, c’est aussi la santé de toute la filière. Pour avoir bel et bien participé, en la personne de son Directeur délégué, à la réunion de la filière ce mardi 27 octobre (à laquelle étaient invitées non pas les entreprises, mais les organisations professionnelles), Culture Viande attire l’attention du Ministre de l’agriculture sur deux points :
- les acteurs économiques ne « négocient » pas avec les pouvoirs publics, pour reprendre les termes employés par le Ministre sur une antenne radio le 28 octobre matin, mais avec les acheteurs de la grande distribution qui ont tout pouvoir depuis la Loi de Modernisation de l’Economie (LME), ce qui cause une grande partie des dégâts qui sautent aux yeux de tous aujourd’hui. Le refus obstiné des gouvernements successifs à remettre en cause certaines dispositions de cette LME au nom du pouvoir d’achat a sa contrepartie : l’affaiblissement de l’appareil productif français pressuré par les politiques d’achat au plus bas prix, au détriment de la qualité des produits et du maintien des emplois dans nos territoires ;
- les interprofessions étant par excellence le lieu de concertation de toute la filière, l’intervention permanente du ministre sur des sujets de nature technique, ainsi que la multiplication des réunions, ne peut pallier au manque de décisions politiques sur des sujets essentiels sur lesquels il est urgent d’agir : nécessité d’un étiquetage obligatoire de l’origine des viandes sur les charcuteries et plats cuisinés ; meilleur contrôle des pratiques de dumping social couramment rencontrées en Allemagne au mépris des droits humains ; ou encore insuffisante adaptation de l’offre bovine à la demande, notamment dans le secteur des races à viande.
Les entreprises d’abattage-découpe refusent d’endosser la responsabilité de décisions qui placent aujourd’hui les éleveurs devant les difficultés économiques et l’incertitude. A ce titre, le Ministre, et d’une manière générale les responsables politiques à Paris comme à Bruxelles, doivent assumer les derniers arbitrages de la politique agricole commune qui défavorisent l’élevage.
Le Ministre doit entendre que les entreprises françaises de l’abattage-découpe achètent de manière quasi exclusive des animaux d’origine française, à un niveau de prix parmi les plus élevés d’Europe. L’abattage-découpe ne peut subvenir seul à la résolution des difficultés économiques de tous les éleveurs. Les efforts d’adaptation de nos entreprises face à la compétition mondiale se traduisent par des investissements lourds, des réorganisations industrielles et des mesures permanentes de rigueur de gestion et d’économie. C’est le prix à payer pour améliorer notre compétitivité et c’est en même temps une contribution réelle à la sauvegarde de nos filières animales et de l’élevage français.
Contact : francois.cassignol@snivsncp.fr – 06 83 90 67 05
Culture Viande regroupe les entreprises industrielles françaises, grandes et petites, du secteur de la viande bovine, ovine et porcine. Il exerce la mission de représentant et de porte-parole et intervient comme force de propositions. Les chiffres clés de Culture Viande : • 80 adhérents, 150 établissements industriels. 35.000 salariés •10,5 milliards d’euros de CA • 3 millions de tonnes de viande bovine, porcine et ovine 94% des abattages français de porcs, 65 % des abattages français de gros bovins, 80 % de la production nationale de viande hachée, 97 % des exportations françaises de viande bovine et porcine fraîches et congelées.