Francis Wolff , Auteur de « Trois utopies contemporaines » aux éditions Fayard, est Professeur émérite de philosophie à l’Ecole Normale Supérieure (Paris). Il nous éclaire sur la relation Homme-Animal et la place de la viande.
Au-delà, il donne les pistes pour sauver la viande … et les animaux !
Pour Francis Wolff, l’homme a perdu les deux repères qui permettaient autrefois de le définir entre les dieux et les bêtes. Nous ne savons plus qui nous sommes, nous autres humains. De nouvelles utopies en naissent :
d’un côté, le post-humanisme prétend nier notre animalité et faire de nous des dieux promis à l’immortalité par les vertus de la technique ;
d’un autre côté, l’animalisme veut faire de nous des animaux comme les autres et inviter les autres animaux à faire partie de notre communauté morale ;
Francis Wolff propose de fonder une 3ème utopie qui ne nie plus les frontières naturelles — celles qui nous séparent des dieux ou des animaux. Et à notre époque, le véganisme incarne pour la jeunesse une forme de pureté absolue (l’homme cesse d’exploiter des êtres sensibles), répond au désarroi politique et aspire à plus de générosité et d’empathie (en l’occurrence vis-à-vis des animaux, ainsi que de la nature en général). Ce sont la prédation, l’exploitation et l’utilisation animale qui prennent la forme du mal.
Alors, que faire ? Pour Francis Wolff, la bonne méthode : « Les prendre au sérieux ». En anticipant mieux – les filières viandes toujours sous oeillères ont trop trainé des pieds avant de comprendre ce qui se passe.
Comment ? en participant au débat, en prolongeant la question : « Voulons-nous vraiment abandonner la viande, le poissons, les fromages et desserts, le cuir – au bénéfice d’habits synthétiques pétroliphages, la laine – au bénéfice du coton exploitant travailleurs et systèmes intensifs, les animaux de compagnie ? ».
Répétons-le ici et partout : l’abolitionnisme, c’est l’envers de la protection animale.
Enfin, il est indispensable que les filières animales se positionnent et confirment que les techniques d’avant, notamment les excès de l’élevage industriel – vue la sensibilité des opinions aujourd’hui, ne peuvent plus avoir cours. Elles devront également apporter la preuve qu’elles s’emploient à faire évoluer le système et se faire reconnaître au rang de filière responsable.
Vidéo extraite de l’Assemblée générale de Culture Viande – Oct 2018
Contact : François Cassignol, fcassignol@cultureviande.fr – Tél.: 01 53 02 40 04