Quatre priorités
pour sauver la viande porcine française
[ Abattage-découpe en France : ]
Le Ministre de l’agriculture réunissait aujourd’hui la filière porcine française très préoccupée par son avenir. L’ensemble des plans stratégiques, programmes et réflexions qui ont été développés jusqu’à ce jour n’ont jamais débouché sur des mesures efficaces. Le constat est aujourd’hui alarmant et ne permet plus d’attendre :
– la production porcine s’amenuise année après année, alors même que le cheptel de nos principaux concurrents européens se renforce. Avec des éleveurs performants, mais financièrement exsangues, le spectre d’une décapitalisation irréversible de l’élevage porcin se profile. Sa fragilité met également en danger l’avenir de l’industrie des viandes et, au-delà, celui de toute la filière porcine française ;
– l’industrie de la viande ne parvient pas à dégager les marges nécessaires à sa pérennité et son développement. Conséquences : des dépôts de bilans à répétition et le renforcement de la présence atypique de la grande distribution qui modifie les équilibres ;
– l’industrie charcutière demande des viandes de plus en plus élaborées et des prix toujours plus compétitifs pour faire face à une distribution concentrée et engagée dans la course suicidaire aux parts de marché en dégradant les prix toujours plus vers le bas.
Le modèle économique est simple et transparent, connu de tous : c’est la valorisation de la production par le maillon de l’industrie des viandes – sur notre territoire comme à l’exportation – qui détermine le prix payé aux éleveurs. Or depuis de trop longues années, l’industrie française accumule les handicaps et perd sa compétitivité.
Pour y remédier, les actions à mener doivent se concentrer sur la fin des distorsions de concurrence et sur la création de valeurs ; parmi ces actions, quatre sont prioritaires :
– le dumping social en Allemagne et Espagne par le recours à du personnel détaché met en péril notre industrie, nos emplois et aggrave notre déficit extérieur. Dans l’attente de pouvoir y mettre fin, il faut initier d’urgence un dispositif spécifique français d’allégement du coût du travail en direction de l’industrie des viandes;
– l’obligation de l’étiquetage de l’origine des viandes dans les produits de charcuterie doit être obtenue car il est le seul gage de différentiation des produits français face aux matières premières importées et de réponse aux attentes des consommateurs en matière de traçabilité et de sécurité alimentaire ;
– la dynamique d’exportation est aujourd’hui une nécessité pour l’équilibre des prix au sein de la filière : cette activité doit impérativement être mieux organisée entre les professionnels et les différents services publics qui sont en charge de l’administration du système. Par ailleurs, la France doit exiger avec force de Bruxelles la sortie d’un système de certificats sanitaires communautaires. Grâce à des accords bilatéraux, notre pays aurait ainsi pu échapper à l’embargo sanitaire russe qui nous pénalise depuis plus d’un an.
– un véritable plan de restructuration de l’industrie de la viande porcine en France, permettant l’émergence d’entreprises françaises sur le marché européen, est devenu une urgence vitale car les enjeux de l’approvisionnement de l’industrie charcutière et de l’exportation sont désormais mondiaux.
« Le SNIV-SNCP alerte le Ministre de l’agriculture sur l’importance de prendre des décisions fortes et rapides. Car en particulier les effets du dumping social pratiqués par les pays concurrents sont ravageurs. Donner un coup d’arrêt à la spirale des dépôts de bilan qui frappent les entreprises de l’abattage-découpe est plus qu’urgent. Alors que les consommateurs sont attachés aux notions de proximité, de traçabilité et de sécurité sanitaire, c’est toute la filière porcine française qui est mise en péril», a déclaré Thierry MEYER, Président de la Section Porcine du SNIV-SNCP (Les entreprises françaises des viandes).
Contact : François CASSIGNOL, Tél.: 01 53 01 40 34 – 06 83 90 67 05 francois.cassignol@snivsncp.fr